A l’occasion d’une question écrite, j’ai interrogé le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance sur les méthodes de communication employées par certains opérateurs de paris sportifs tels que BetClic ou Winamax.
En effet, ces opérateurs ciblent les jeunes de quartiers populaires à travers des publicités diffusées sur tous les supports : physique, numérique, à la télévision, sur les réseaux sociaux, à la radio, sur les plateformes. Un public déjà fragilisé et précaire, plus enclin à s’endetter devant les promesses de gain et de reconnaissance sociale que véhiculent ces opérateurs.
Selon Santé publique France, en 2019 « les paris sportifs représentent le risque le plus important au plan individuel » avec une part de joueurs excessifs six fois plus élevée que les jeux de loterie.
L’Observatoire des jeux précise également que deux tiers des parieurs sont classé « problématiques » avec un profil « appartenant des milieux sociaux modestes, ayant un niveau d’éducation et des revenus inférieurs à ceux des autres joueurs moins actifs que l'ensemble des joueurs et plus fréquemment chômeurs ». En outre, ressort également une problématique plus inquiétante qui concerne les paris des mineurs de 17 ans dont 4 jeunes sur 10 ont parié au moins une fois en 2019 alors que les jeux d’argents ne sont autorisés qu’à partir de 18 ans.
Pourtant, le décret n° 2020-1349 du 4 novembre 2020 relatif aux modalités de régulation de l'Autorité nationale des jeux interdit toute communication commerciale lorsqu'elle « incite à une pratique de jeu excessive, banalise ou valorise ce type de pratique ; suggère que jouer contribue à la réussite sociale ; contient des déclarations infondées sur les chances qu'ont les joueurs de gagner ou les gains qu'ils peuvent espérer remporter ; présente le jeu comme une activité permettant de gagner sa vie ou comme une alternative au travail rémunéré ».
Face à cet enjeu d’intérêt public, j’ai demandé au ministre ce que le Gouvernement allait mettre en œuvre afin de renforcer l’encadrement de ces pratiques et de remédier rapidement aux actes des opérateurs qui considèrent la jeunesse comme un fond de commerce.
Dans sa réponse, le ministre précise que la politique de l’État en matière de jeux d’argent et de hasard a pour objectif constant de limiter et d’encadrer l’offre et la consommation des jeux et d’en contrôler l’exploitation. Ceci dans le but de prévenir le jeu excessif ou pathologique, mais également pour protéger les mineurs.
Pour garantir le respect cet objectif, le Gouvernement a, d’une part, rénové le cadre légal des jeux d’argent et de hasard et d’autre part, regroupé les différentes missions de régulation au sein de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) créée en juin 2020. Le pouvoir de cette autorité a été renforcé, lui permettant de prendre la décision, si nécessaire, d’exiger le retrait d’une communication commerciale qui comporterait une trop forte incitation au jeu, mais elle peut également mener des contrôles sur place.
Des actions spécifiques sont mises en place :
- Il est demandé aux opérateurs de soumettre leur stratégie promotionnelle à l’approbation de l’ANJ, au même titre que leur plan en matière de prévention du jeu excessif et de protection des mineurs.
- Le renforcement de l’encadrement des communications commerciales avec l’apparition obligatoire d’un message de mise en garde contre le jeu excessif ou pathologique devant figurer sur les différents supports publicitaires.
- Des consultations entre l’ANJ et les opérateurs des paris sportifs en septembre 2021 ayant pour but d’adresser des recommandations aux acteurs.
Je resterai attentive à l’évolution de ce type de pratiques et à la mise en œuvre des mesures prises par le Gouvernement en la matière.