J’avais interrogé le Ministre de l’écologie sur la disparition massive des insectes.
Ils subissent, en effet, un déclin international douze fois plus important que leurs principaux prédateurs, les oiseaux (alors qu’un tiers de ses derniers a déjà disparu en 15 ans en France). 10 % des espèces d’insectes se sont éteintes ces 50 dernières années, plus de 40 % sont menacées de disparition d’ici à la fin du siècle et 31 % sont menacées de déclin.
Ces résultats proviennent de la compilation de 73 études scientifiques internationales, publiées par la revue Biological Conservation.
L’agriculture intensive est la première responsable de cet effondrement avec l’utilisation des pesticides et engrais. Mais la disparition des paysages de bocage, la déforestation, l’urbanisation, le détournement des cours d’eau, le réchauffement climatique, sont autant de facteurs tout aussi destructeurs. Ce n’est pas la première fois que les résultats quant au déclin de la population d’insectes sont alarmants.
En octobre 2017 une étude allemande mettait en évidence une baisse de 75 % des espèces étudiées sur une durée de 27 ans. Face à cette catastrophe écologique, dont les conséquences pourraient s’avérer dramatiques pour l’écosystème de la planète, je lui demandais les mesures que le Gouvernement comptait mettre en œuvre.
Dans sa réponse le ministre me précise qu’il a mis en place des plans d'actions, complémentaires du dispositif législatif et réglementaire protégeant les groupes d'espèces.
Trois plans nationaux d'actions (PNA) sont mis en œuvre pour des groupes d'insectes :
- le PNA « France Terre de pollinisateurs pour la préservation des abeilles et des insectes pollinisateurs sauvages » pour 2016-2020, dont les principaux objectifs sont de faire connaître les bonnes pratiques favorables aux insectes pollinisateurs et de mobiliser les gestionnaires d'espaces concernés ;
- le PNA en faveur de 38 espèces de papillons de jour qui vient d'être reconduit pour 10 ans ;
- le PNA en faveur de 18 espèces de libellules.
Des mesures réglementaires viennent également d'être prises pour réduire la diffusion nocturne de lumière artificielle qui affecte en particulier la faune nocturne. En cohérence avec le plan biodiversité, adopté en juillet 2018, dont un axe porte sur la réduction de la pollution lumineuse.
Il est également indispensable de limiter l'utilisation de produits phytopharmaceutiques, les herbicides qui perturbent les insectes pour leurs ressources alimentaires et les insecticides qui les tuent directement.
Il y a la mise en place d'un groupe de travail en vue de renforcer les mesures de protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, à la suite de la parution de l'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES).
Enfin, la question de la lutte contre l'artificialisation des sols est maintenant largement débattue et prise en compte et, à titre d'exemple, le recyclage des friches urbaines peut constituer un réservoir intéressant de biodiversité et particulièrement pour les insectes.
Ces mesures et la date d'entrée en vigueur des dispositions des textes sont récentes. Leur impact ne pourra pas être perceptible immédiatement ; mais contrer rapidement l'effondrement des populations des insectes est un véritable défi qu'il convient de relever. Le Gouvernement s'attache à apporter des réponses à cette situation d'urgence.