Face à la détresse des étudiants, il est urgent d'agir

assemblée nationaleLe mardi 12 janvier 2021

Lors des questions au Gouvernement du 12 janvier, j’ai interrogé la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sur l’égalité des chances chez les jeunes.

La crise sanitaire exceptionnelle que nous traversons, en raison de la Covid 19, met en évidence la précarité de nos étudiants et exacerbe les inégalités et les difficultés de notre jeunesse. Ils sont notamment particulièrement pénalisés par l’absence de cours en présentiel qui aggrave terriblement la situation. Une réelle détresse psychologique s’installe et nombre d’entre eux se sentent en situation d’échec, dans les cas les plus extrêmes des pensées suicidaires s’installent.

J’ai rappelé les difficultés rencontrées par les étudiants en Isère notamment, qui sont les mêmes sur l’ensemble du territoire : précarité financière, sociale et dans certains cas, familiale, avec des difficultés pour retourner vivre dans sa famille lorsque les relations sont complexes.

Sur le campus universitaire grenoblois, plusieurs initiatives ont vu le jour : les associations étudiantes, soutenues par l’université et le Crous, y ont lancé une ligne d’écoute téléphonique « Alpaline » ; face à la précarité alimentaire, a été mise en place une épicerie sociale et solidaire « l'Agoraé ». Avant la crise, cette dernière comptait 60 bénéficiaires. Ils sont plus de 500 aujourd’hui. Des initiatives d’aides au logement ont aussi été développées avec la colocation intergénérationnelle par exemple.

Il nous faut soutenir financièrement et développer ces initiatives !

J’ai donc demandé à la ministre de me préciser les mesures d’urgence qui seraient prises dans les jours qui viennent pour répondre à la détresse de notre jeunesse.

Dans sa réponse, la ministre m’a indiqué que le Gouvernement, conscient de ces difficultés, allait rencontrer l’ensemble des représentants du monde universitaire pour dresser le bilan des mesures d’aides prises en fin d’année 2020 et étudier avec eux les moyens de les conforter et de les amplifier.

Les universités sont en train de recruter des psychologues (dont le nombre va être doublé), les CROUS recrutent des assistantes sociales ; un travail est fait auprès des associations étudiantes et d’écoute ; un travail de fond est également fait pour aider les étudiants non boursiers qui sont en difficultés. Un assouplissement des règles des services civiques seront mises en œuvre, il faudra également faciliter les règles pour que les universités, les CROUS, les bibliothèques, les collectivités, puissent avoir recours aux étudiants.

 

Par ailleurs, pour faire suite aux dernières annonces du président de la République, qui préconise notamment un retour en présentiel des étudiants un jour par semaine, avec certains de mes collègues isérois, nous avons tiré la sonnette d’alarme en alertant la ministre par courrier sur la nécessité de reprendre de manière généralisée les cours en présentiel.

Si la mise en place de l’enseignement à distance au sein des universités a été nécessaire pour enrayer la propagation de la Covid-19, cette méthode d’apprentissage a toutefois montré ses limites. En effet, à titre d’exemple, sur le campus de Saint-Martin d’Hères, 78% des étudiants se diraient en décrochage. Une vie pédagogique animée est une « mesure conservatoire » au regard de la santé psychique d’un certain nombre d’étudiants, chez qui une réelle détresse s’installe.

La reprise des cours en présentiel pour les étudiants de première année, pour les travaux dirigés, en demi-groupe et dans le respect strict du protocole sanitaire, à partir du 25 janvier est une mesure qui va dans le bon sens. Mais nous devons aller plus loin, en levant l’interdiction stricte du présentiel et en faisant confiance aux présidents d’universités, aux professeurs et aux étudiants pour mettre en place un système hybride et souple, adapté à chaque établissement, pour que l’enseignement en présentiel puisse avoir lieu dans le respect des consignes sanitaires.

Nous l’avons fait pour les scolaires, nous devons le faire également pour les étudiants. Même si la situation sanitaire reste difficile, il faut maintenir un lien avec les universités. C’est une priorité absolue, pour combattre ce danger psychologique majeur, en prenant les mesures qui s’imposent pour lutter contre l’isolement et le renforcement de la précarité de nos étudiants.