La conférence-débat sur les « déserts médicaux »

santé, société, vie locale, territoiresLe lundi 30 septembre 2019

Ce lundi soir était organisée, au Tremplin Sport Formation (TSF) à Voiron, une conférence-débat sur la thématique de la lutte contre les déserts médicaux, en présence notamment de Patrice Morand, doyen de la Faculté de médecine de Grenoble, Monique Sorrentino, directrice générale du CHU Grenoble-Alpes, Jean-Yves Grall, directeur général de l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes (ARS) et Lucie Garcin, présidente des internes de médecine générale de France.

Qu’est-ce qu’un « désert médical » ?

Ce terme désigne à la fois le ressenti de la population d’être en difficulté pour trouver des professionnels de santé dans son proche périmètre et les réalités chiffrées des zones sous-dotées en médecins.

 

État des lieux :
  • 1200 médecins généralistes en Isère pour 1 252 912 habitants ;
  • 567 d’entre eux ont plus de 55 ans, ce qui laisse présager de nombreux départs à la retraite dans la décennie qui suit et l’aggravation de la pénurie actuelle ;
  • Inégalité dans la répartition des médecins en Isère.

Si une augmentation du nombre de médecins est attendue grâce à la suppression du numérus clausus et à la réorganisation des études prévues par le Plan « Ma santé 2022 », la durée de la formation (9 à 12 ans) reporte l’avènement des effets escomptés.

 

Quelles sont les attentes des jeunes/futurs médecins ?
  • Les étudiants en médecine souhaitent faire évoluer les modes d’exercice de la profession :
  • diminution du nombre d’heures travaillées (40 à 50 heures par semaine) pour une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle – et ainsi éviter le burn-out ;
  • travail interdisciplinaire ou pluridisciplinaire pour favoriser la mutualisation et gagner en sécurité notamment économique ;
  • possibilités d’évolution professionnelle, y compris du point de vue géographique.

 

Quelques pistes de réflexion pour lutter contre les déserts médicaux :

 

  • Évolution de la formation :

-Le cursus actuel étant « CHU-centré », il faut le faire évoluer pour inciter les étudiants à choisir la médecine générale et l’exercice libéral dès le 1er et le 2ème cycle de la formation, notamment par la réalisation de stages en médecine ambulatoire et en zone rurale. En effet, il existerait une forte corrélation entre le choix du lieu d’installation des jeunes médecins généralistes et le lieu de réalisation des stages.
NB. En 2018, 20% des internes en dernière année ont choisi de s’installer en ville, 20% en zone rurale et 60% en aire urbaine, ce qui correspond globalement à la répartition de la population sur le territoire.

-Intégrer à la formation un enseignement portant sur les questions administratives et comptables relatives à l’installation, connaissances nécessaires au médecin-employeur.

  • Travailler sur l’attractivité des territoires pour inciter les jeunes médecins à s’y installer. En effet, le cadre de vie (vie associative, culturelle…), la présence de services publics et la possibilité pour le conjoint de trouver un emploi constituent des facteurs essentiels dans le choix du lieu d’installation.

 

  • Utiliser les outils technologiques pour mieux organiser la synergie des différentes filières de soins (numérisation des dossiers…)

 

En Isère :

Le Conseil départemental a mis en place le dispositif « Isère Médecins » dans le cadre de la structuration de l’offre de soins :

  • Bourse d’études de 56 000 euros
  • Aide à l’installation de 10 000 euros
  • Promotion pour devenir Maître de stage des Universités
  • Subvention de 100 000 euros pour la création de Maisons de santé pluridisciplinaires
  • Conseils et accompagnement des projets par la cellule « Isère Médecins »


Si l’attractivité des territoires tient un rôle important dans le choix du lieu d’exercice d’un jeune médecin, la présence de ce dernier dans les zones rurales ou périurbaines constitue à son tour un atout majeur pour leur rayonnement et leur (re)dynamisation.

Il est plus que jamais indispensable de repenser l’installation des médecins et de la concevoir comme un dialogue entre les médecins, les collectivités et la population.